Quand le Digital menace le quotidien des infirmières libérales

Si la technologie a permis d’améliorer le quotidien des infirmières et des infirmiers libéraux, elle a également permis le développement de nouvelles pratiques plus contestables dans leurs bénéfices. Ainsi la prospection de la patientèle connait, depuis plusieurs années, ce que l’on appelle communément l’ubérisation, et les avantages ne sont pas forcément aussi criants qu’on pourrait le croire.

Développer sa patientèle, l’objectif ultime des infirmiers libéraux

Bien qu’ils restent des professionnels de santé du quotidien pour l’ensemble de la population, les infirmières et infirmiers libéraux restent, avant tout, des professionnels indépendants. Cette lapalissade permet de souligner, qu’une des premières missions des infirmières libérales consiste bien à développer et renforcer leur activité. On ne parle pas de chiffre d’affaires ni de clients, mais bien de patients et de facturation des soins, mais le résultat est le même. Pour se développer ou pour réussir son installation, l’infirmière libérale doit étoffer en permanence sa patientèle. C’est une tache essentielle et chronophage, d’autant plus que la publicité reste interdite à la profession, même si les règles en la matière ont été légèrement assouplies par les autorités sanitaires.

Internet s’impose aujourd’hui comme le support incontournable pour l’infirmière libérale, qui doit avant tout se faire connaître et se faire repérer par ses prochains patients. Dans des zones très sous-dotées, le cabinet d’infirmiers libéraux sera facilement et rapidement identifiable, mais le problème est tout autre dans les agglomérations, où les infirmières et infirmiers libéraux se livrent une concurrence acharnée. C’est aussi ce support digital, qui a permis l’émergence d’une nouvelle forme de prospection pour accroitre sa patientèle : l’ubérisation de l’économie.

L’ubérisation de l’économie, une opportunité pour les infirmières libérales

Pour le patient, cette ubérisation de l’économie reste avant tout un confort proposé dans le choix de leurs professionnels de santé. Apparue dans le domaine de la location d’appartement et/ou la réservation de moyens de transports alternatifs, l’ubérisation concerne aujourd’hui le domaine de la santé, depuis les médecins généralistes jusqu’aux infirmières libérales. En quelques clics, le patient, muni d’une ordonnance, peut alors rechercher une infirmière libérale résidant à proximité de son domicile. La géolocalisation facilite ainsi la recherche de son infirmier. Une fois saisie, la demande du patient est envoyée à toutes les infirmières et infirmiers libéraux du secteur géographique concerné, à charge pour chacun de répondre ou non à cette demande de prise en charge.

C’est une méthode simple pour les patients mais aussi pour les IDEL(s), qui reçoivent ainsi de nouvelles propositions sur leur Smartphone avec la possibilité d’y répondre en un clic. Ces nouvelles plateformes de mise en relation entre les patients d’une part et les infirmières et infirmiers libéraux d’autre part se multiplient. La simplicité d’utilisation peut séduire les jeunes infirmières libérales en cours de constitution de patientèle, même si ces plateformes représentent aussi un danger pour la profession elle-même.

Les dangers de l’ubérisation pour les infirmières libérales, des menaces bien réelles

En premier lieu, les patients, qui n’avaient déjà pas beaucoup de contact avec les infirmières et infirmiers libéraux de leur quartier et/ou de leur ville, s’éloignent un peu plus de ces professionnels, reconnaissant uniquement l’utilité et les bénéfices de telle ou telle plateforme. Autrefois, une infirmière libérale pouvait « fidéliser » sa clientèle en instaurant une relation de confiance et de proximité. Cette ubérisation représente cependant une captation d’une partie de la patientèle par ces plateformes de mise en relation. Puisque ces dernières sont des spécialistes des nouvelles technologies et des nouveaux modes de communication, elles s’imposent en termes de visibilité sur la Toile, ce qui rend, inéluctablement, les infirmières libérales moins visibles sur Internet. Le corolaire pour l’infirmière libérale se retrouve dans la disparition du lien avec le patient lui-même. Cette nouvelle technique de prospection éloigne en effet le (ou la) professionnelle de santé de ses patients, puisque ces derniers ne représentent qu’un « dossier » reçu par SMS.

D’autre part, puisque les infirmières libérales ne peuvent pas se concurrencer par les tarifs (fixés par les autorités sanitaires), elles sont soumises à la notation par une grande majorité des plateformes. Les patients sont ainsi invités à « noter » les soins prodigués, la « sympathie » de l’infirmière libérale, sa ponctualité, …. Reprises sur la plateforme, ces notes attribuées permettent d’effectuer un « classement » des infirmières et des infirmiers libéraux de chaque quartier ou de chaque ville. Et ce classement, qui ne repose sur aucune étude scientifique ou médicale mais uniquement sur le ressenti des patients, avantagera certaines infirmières libérales et en conduira certaines à délaisser cette nouvelle forme de prospection…. Comme quoi l’ubérisation de l’économie et notamment du domaine de la santé n’a pas que des avantages !

Avez-vous déjà succombé à ces plateformes de mise en relation ? Comment les jugez-vous et estimez-vous qu’elles représentent un atout ou au contraire qu’elles apparaissent comme des obstacles ?