A quelques jours de la rentrée des étudiantes et étudiants en soins infirmiers, un film de Nicolas Philibert, « De Chaque Instant », nous propose une autre vision de la profession infirmière.

Quand l’infirmière libérale devient l’héroïne du quotidien

Depuis plusieurs années, de nombreuses infirmières libérales ont pris la plume pour raconter leur quotidien. Que ce soit sous forme de blog et/ou de livre imprimé, ces témoignages d’IDEL(s) passionnent les autres infirmières et infirmiers libéraux mais aussi le grand public. Par ces témoignages, les infirmières libérales veulent témoigner de la passion qui les anime d’une part mais aussi des nombreux obstacles, qu’elles doivent surmonter au quotidien. On évoque souvent ces témoignages pour leur aspect émouvant ou pour leur côté pédagogique. De nombreuses étudiantes et de nombreux étudiants en soins infirmiers doivent s’inspirer de ces témoignages pour trouver leur voie.

En cette fin d’été, un nouveau témoignage vient apporter un nouvel éclairage non pas à la profession d’infirmière libérale mais, de manière plus générale, à la profession infirmière. Et ce n’est pas un professionnel de la santé, qui a décidé d’apporter sa contribution mais un réalisateur confirmé : Nicolas Philibert. Ce réalisateur, connu notamment pour son film Être et Avoir, a réalisé le film documentaire « De Chaque Instant », qui sortira sur les écrans le 29 aout 2018. La genèse de ce film explique la démarche particulière du réalisateur. Victime d’une embolie en 2016, il est confronté à l’univers médical et aux soignants. Il explique alors : « Quand vous voyez une infirmière exécuter un soin ordinaire, une injection, une prise de sang, cela paraît assez simple, c’est fluide. A moins d’être du métier, vous n’imaginez pas tout ce qu’il y a en amont, les erreurs qu’elle a appris à éviter, les règles d’hygiène, les protocoles, les mille et un détails que la dextérité a progressivement effacé ».

Un témoignage sur la vocation et sur la formation des infirmières et des infirmiers

C’est à partir de cette expérience, que l’idée du film nait dans l’esprit du réalisateur. Il veut montrer de l’intérieur l’apprentissage des étudiants et étudiantes en soins infirmiers. Comme toutes ses réalisations, De Chaque Instant balaie toutes les problématiques, et si l’émotion est palpable quand on lit la fierté des étudiantes ayant réussi un geste technique, on est aussi confronté aux doutes et aux incertitudes de celles et ceux, qui se destinent à la profession d’infirmières libérales ou hospitalières. Le réalisateur n’hésite pas à leur donner la parole tout au long de ce film.

Le film revient sur les cours et les travaux pratiques (TP), au cours desquels, comme l’explique M Philibert, « les patients n’existent que sur le papier ». Les stages constituent la deuxième partie du film, soulignant à quel point le choc peut être important pour les étudiantes et les étudiants. Ces derniers sont confrontés à la dure réalité des services hospitaliers, avec la découverte du stress, des sous-effectifs chroniques mais aussi des contraintes budgétaires. C’est cette confrontation à la réalité qui est évoquée dans une troisième partie, au cours de laquelle les étudiantes reviennent sur cette plongée dans la réalité.

Une présentation de la formation des infirmières et des infirmiers, à chacun son avis !

Le réalisateur a essayé de restitué la formation infirmière, de la manière la plus fidèle possible, en dévoilant les doutes des étudiantes et des étudiants. Certains estimeront que ce témoignage est un véritable plaidoyer pour cette profession au service des autres, alors que d’autres y verront plus un appel à réformer le système de formation. Il ne s’agit pas de prendre partie mais bien d’appréhender la complexité de ces formations, qui amèneront les étudiantes et les étudiants à prendre en charge la santé de leurs concitoyens. L’objectif est ambitieux, et la formation exigeante.

Dans tous les cas, c’est une belle idée de film à voir à l’approche de la rentrée des Instituts de Formation en Soins Infirmiers (IFSI). Et le réalisateur lui-même nous invite au questionnement en nous invitant à « Voir les élèves tâtonner, se tromper, recommencer, les suivre dans leurs efforts, nous les rend plus proches plus humains. Vont-ils y arriver ? Comment auraient-ils dû s’y prendre ? Et moi, serais-je capable d’en faire autant ».