Depuis près d’un an, les infirmières libérales font connaître leur mécontentement quant à l’autorisation donnée aux pharmaciens de vacciner contre la grippe. En cette période de rentrée, l’opposition entre ces deux professions semble plus tenace que jamais.

Quand les pharmaciens vaccinent à la place des infirmières libérales !

Si la vaccination (sur prescription médicale) reste une des prérogatives des infirmières et infirmiers libéraux, ces professionnels de santé peuvent, depuis 2008, s’affranchir de cette prescription dans certaines situations. Chaque année, les IDEL(s) vaccinent ainsi environ un million de personnes contre la grippe sans prescription médicale. Il s’agit bien des personnes fragiles, c’est-à-dire les personnes de plus de 65 ans, ou les patients atteints de pathologies chroniques (diabète, obésité, affections cardio-pulmonaires). Les primo-vaccinations ne sont pas concernées par ce droit à vaccination sans prescription. Le Ministère de la Santé se félicitait de la situation en soulignant que « La part des vaccinations contre la grippe saisonnière réalisée par les infirmiers augmente depuis plusieurs années et représentait 23% des vaccinations en 2016« .

En Octobre 2017, cette autorisation à vaccination était testée pour les pharmaciens dans deux régions françaises (Auvergne Rhône Alpes et la Nouvelle Aquitaine) pour une période de 3 ans. Cette mesure avait suscité la colère des infirmières et infirmiers libéraux, estimant que leur profession était oubliée, et que le recours aux pharmaciens n’était pas la meilleure solution pour « augmenter la couverture vaccinale en France », objectif affiché par le gouvernement pour justifier cette expérimentation. L’annonce prévoyait une expérimentation sur 3 ans avant d’envisager la généralisation de la mesure à tout le territoire.

L’ambition de généraliser la vaccination par les pharmaciens, déjà prise ?

Pourtant, les infirmières et infirmiers libéraux ont pu s’étonner, au début de l’année 2018, des explications du gouvernement en préambule de la Stratégie Nationale de Santé (SNS) 2018-2022 : « L’objectif du gouvernement est d’élargir les compétences vaccinales des professionnels de santé, en concertation avec tous les acteurs, et notamment de généraliser dès 2019 la vaccination antigrippale par les pharmaciens d’officine dont les premiers résultats sont positifs« . L’expérimentation semblait donc déjà avoir convaincu les autorités, et la généralisation était donc déjà annoncé au début de cette année.

Si la généralisation de cette expérimentation semble déjà décidée, la région Occitanie rejoint dès 2018, les deux premières régions citées, pour élargir la zone de test. Bien évidemment, les pharmaciens se félicitent de cette mesure, qui est, selon eux, une reconnaissance de l’évolution de leur mission. C’est ce que résume parfaitement Frédéric Abecassis, le président du syndicat des pharmaciens de l’Hérault en déclarant : « Le pharmacien n’est plus un dispensateur de médicaments, c’est un acteur de la prévention, de la santé publique, de la chaine de soin ». de leur côté, les infirmières et infirmiers libéraux ne comprennent toujours pas cette mesure.

 

Le conflit entre les infirmières libérales et les pharmaciens, un avenir inquiétant ?

Les pharmaciens veulent en effet poursuivre sur leur lancée. Mr Abecassis ose s’interroger publiquement :  « Aujourd’hui, le vaccin contre la grippe. Demain, pourquoi pas d’autres injections ? » Mais, les ambitions des pharmaciens ne s’arrêtent pas là, puisque les institutions représentatives de la profession ont fait connaitre au Ministère de la Santé leurs revendication, alors que de nouvelles missions leur étaient confiées, au détriment des IDEL(s). Les syndicats infirmiers ont dénoncé cette situation, et l’Onsil (l’Organisation Nationale des Syndicats d’Infirmiers libéraux) a ainsi publié un communiqué en juillet dernier : En plus des vaccins, ce sont maintenant les chimiothérapies, la préparation des piluliers, la surveillance de la iatrogénie, les surveillances des glycémies, les chimiothérapies orales, qui leurs sont attribués mettant en péril notre existence.

C’est bien l’avenir de la profession, qui est en jeu selon l’Onsil, qui s’interroge : Entre la surveillance des patients à domicile par les facteurs et les manœuvres du lobbying des pharmaciens, que restera-t-il de notre profession, seule au chevet des patients 24h/24 et 7j/7 ?

 

Le conflit entre les pharmaciens et les infirmières libérales devrait connaître un nouvel épisode, lorsque le Ministère de la Santé dévoilera sa Grande Réforme dans quelques jours. On sait déjà, que la délégation et la meilleure coordination entre les différentes professions de santé figureront dans les priorités du gouvernement, et on peut imaginer, que ces dernières ne seront pas de nature à apaiser une situation, qui se révèle déjà comme explosive.

 

Et vous, comment estimez-vous que ce conflit entre IDEL(s) et pharmacies va se terminer ? Se terminera-t-il du reste ?