En visitant ses patients au quotidien, l’infirmière libérale est aussi en charge de lutter contre la réhospitalisation de certains de ceux-ci. C’est la mission officielle, qui leur est attribuée avec les dispositifs Prado.

Quand l’infirmière libérale est en charge de favoriser le retour à domicile

 

Bien que trop souvent qualifiées de professionnelles de santé pour les soins de ville, les infirmières libérales s’inscrivent dans le parcours de santé des patients. A ce titre, elles interviennent auprès d’une patientèle sortie de l’hôpital. Et depuis 2010, les infirmières libérales sont mêmes appelées à collaborer plus activement à ce retour à domicile. C’est l’objectif affiché des Prado(s) un acronyme pour Programmes de retour à domicile. Au départ, le Prado concernait les sages-femmes libérales, qui s’engageaient à visiter les jeunes mères sorties plus tôt de l’hôpital. Rapidement, le dispositif a été élargi et on retrouve désormais le Prado pour l’orthopédie, la cardiologie, la pneumologie, les plaies chroniques. Ce type de programme a même été organisé à destination des personnes âgées depuis 2016.

Si les règles et les modalité changent d’une spécialité à l’autre, l’objectif reste toujours le même comme l’explique la plaquette informative éditée par l’Assurance Maladie :

« Améliorer la prise en charge en post-hospitalisation, réduire le délai d’intervention des professionnels libéraux, réduire aussi la durée moyenne de séjour ainsi que le recours aux établissements de soins de suite et de réadaptation et réduire le nombre de ré-hospitalisations à court et moyen-termes »

On comprend aisément que les infirmières libérales sont pleinement concernées par ce dispositif.

Prado et IDEL, des engagements pas toujours compris par chacune des parties

 

Certaines infirmières libérales ont déjà fait part de leur mécontentement face à un dispositif, qui est accusé, dans certains cas, de représenter une forme indirecte de concurrence déloyale. C’est ce qu’expliquait, en 2017, une infirmière libérale de la région parisienne aux journalistes d’Actusoins : Elle expliquait qu’après avoir suivi une formation obligatoire pour une inclusion d’un patient dans un protocole Prado Insuffisance cardiaque, elle s’est sentie un peu fautive : « Comme j’étais la seule sur mon territoire à avoir accepté de suivre cette formation, j’ai récupéré, sans vouloir leur voler évidemment, les patients de mes collègues ».

Pour les patients, le bénéfice est plus que positif, puisque l’ensemble du dispositif est coordonné par l’Assurance Maladie. Sur le terrain, la coordination hôpital – soins de ville se fait plus efficacement. Pour les hôpitaux, la question de garder un patient pour la simple raison de ne pas être assuré de son suivi une fois rentré chez lui ne se pose plus. C’est une avancée significative dans l’efficience du système de santé. Pour les infirmières et infirmiers libéraux, une formation est dispensée avec un corpus adapté à la spécialité concernée. Ces professionnels de santé se montrent désormais plus réceptifs à ce genre de protocoles, puisque le principal grief fat désormais à ces programmes concerne le manque de promotion qui en est fait par l’Assurance Maladie.

Le Prado, une première étape pour des compétences élargies pour les infirmières libérales

 

Certaines initiatives ont au moins le mérite de faire bouger les lignes. Ainsi dans le département de Seine et Marne (77), une formation innovante (et obligatoire) a été initiée pour les IDEL(s), afin de les autoriser à réaliser des consultations pour les patients souffrant d’insuffisance cardiaque ou de BPCO. C’est une véritable opportunité pour les infirmières libérales de valoriser leur technicité et leurs compétences. Il ne s’agit pas, comme l’expliquent les responsables du programme, de concurrencer les SSR ou l’hospitalisation à domicile, mais bien de poursuivre le but originel du Prado : réduire les réhospitalisations. Il faudra encore attendre quelques semaines, voire quelques mois, pour pouvoir bénéficier de données suffisantes pour analyser la mobilisation des infirmières libérales du département. Un tel dispositif reste rare, mais peut-être que la Seine et Marne suscitera des vocations de la part d’autres territoires.

Dans tous les cas, les Prado(s) semblent bien aujourd’hui répondre à un véritable enjeu de santé publique tout en apportant des réponses concrètes et efficaces aux professionnels de santé en général et aux infirmières libérales en particulier.

 

 

Et vous, êtes-vous partie prenante d’un tel dispositif et si oui lequel ? Et que pensez-vous qu’il faudrait revoir pour rendre le dispositif plus efficace encore ?