Annoncée depuis des années, la Réforme des Retraites créant une Retraite Universelle est entrée en phase de négociation. Et les infirmières et infirmiers libéraux s’inquiètent pour l’avenir même de leur profession.

La retraite des infirmières libérales aujourd’hui, une source d’inquiétudes au quotidien

Soignante de proximité, l’infirmière libérale n’en reste pas moins une professionnelle indépendante, qui doit aussi penser à sa retraite. En effet, contrairement au secteur hospitalier, où elle peut aussi évoluer, l’infirmière ou l’infirmier libéral se doit de se préoccuper de ses revenus lorsque l’heure de la retraite aura sonné. Et une étude de Carpimko, la Retraite des auxiliaires médicaux pour 2018, invite toutes les candidates à la profession d’infirmière libérale à bien réfléchir. En effet, l’étude a analysé la retraite d’infirmiers libéraux, ayant 40 ans en 2018 et percevant la même rémunération. Les données de cette étude, présentées ci-dessous, sont exprimées en net et mensuellement.

Revenus mensuels actuels : 3.000 € 4.000 € 5.000 €
Retraite Infirmière hospitalière 2500 € 3100 € 3600 €
Retraite Infirmière libérale 1500 € 1700 € 1800 €

 

Ainsi, une infirmière libérale percevant 5.000 € par mois sera impactée d’une perte de revenu de 3.200 € lors de sa cessation d’activité, alors que sa consœur dans le domaine hospitalier ne verra sa rémunération diminuer de 1.400 € seulement. On comprend donc, que lorsqu’une infirmière choisit la voie libérale, il est impératif qu’elle se préoccupe elle-même des revenus futurs. Des dispositifs ont été créés pour répondre à cette problématique de la retraite chez les libéraux en général et les IDEL(s) en particulier, que ce soit avec les cotisations retraite dite cotisations Loi Madelin ou encore des dispositifs avantageux pour inciter les infirmières libérales à investir dans l’immobilier locatif afin de se constituer un capital pour leur fin de carrière.

La Réforme des retraites pour les infirmières libérales, un sujet encore plus anxiogène ?

La situation peut déjà apparaitre délicate et inacceptable même pour de nombreux IDEL(s), qui revendiquent, dans le même temps et depuis des années, une revalorisation de leur rémunération actuelle. Aussi, la réforme du système de retraite, présentée comme un des chantiers prioritaires du gouvernement pour les mois à venir, a suscité plus d’inquiétude qu’elle n’a suscité d’apaisement. Au début du mois de Juillet 2019, Mr Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire à la Réforme des Retraites, a remis au gouvernement ses propositions (et on peut légitimement penser, que celles-ci seront suivies d’effets dans les semaines et les mois à venir). L’objectif du gouvernement est louable, puisqu’il s’agit d’adopter un système de Retraite Universelle, présenté comme plus juste et plus équitable. Un seul système de retraite pour remplacer les innombrables régimes spéciaux qui existent à ce jour dans l’Hexagone.

Pour les indépendants en général, et les infirmières libérales en particulier, l’annonce a fait l’objet d’une bombe. Les propositions de Mr Delevoye définissent une augmentation considérable des cotisations avec un taux à 28.12 % jusqu’à un PASS (Plafond d’activité de la sécurité Sociale) soit environ 40.000 € et de 12.94 % pour les revenus jusqu’à 3 PASS. L’augmentation est considérable puisque les taux de cotisation moyens des professions libérales actuellement sont estimés actuellement entre 12 et 15 %. Les syndicats, représentant les infirmières et infirmiers libéraux, se sont joints à tous les autres organes représentatifs des professions libérales et des indépendants, qui conteste cette hausse brutale et demandent une diminution de ce taux d’imposition. Si chaque profession concernée a ses propres exigences, le constat est le même partout y compris chez les IDEL(s) : La justice, souhaitée par cette réforme, ne peut se légitimer par l’injustice, dont seraient victimes les indépendants.

Les négociations ont été ouvertes au lendemain de la publication du rapport, mais il n’existe pas aujourd’hui encore d’amendements notables à ce sujet de crispation. La rentrée s’annonce donc épineuse tant pour le ministère de la Santé que pour les infirmières libérales. Les deux parties vont devoir trouver un terrain d’entente pour pouvoir continuer à négocier les autres sujets de concertation. Car si le sujet de la retraite concentre l’attention des infirmières libérales ces dernières semaines, d’autres discussions devraient attirer leur attention dès la fin du mois de septembre avec la négociation de la transformation de notre système de santé.

Et vous, que pensez-vous de cette Retraite Universelle, que le gouvernement veut adopter pour plus de justice et d’équité ? Pensez-vous que la décision est irrévocable ou qu’au contraire, vous pouvez encore influer sur le texte définitif ?