Les infirmières libérales savaient qu’après cette période si particulière, elles allaient retrouver un semblant de normalité. Elles ne pensaient pas en revanche, que cela puisse être aussi rapide. Entre les mobilisations d’IDEL(s) pour dénoncer le BSI et les procédures d’indus qui ressurgissent, les infirmières libérales regrettent que le monde d’après ressemble autant à celui d’avant.

Un retour à la dure réalité du quotidien pour les infirmières et les infirmiers libéraux

 

Alors que la crise du coronavirus semble être sous contrôle, les infirmières et infirmiers libéraux retrouvent peu à peu une certaine normalité dans leur activité du quotidien. Ces professionnels de santé, comme tous les autres soignants, sont dubitatifs quant aux conséquences de ce Ségur de la Santé, qui ambitionne de redessiner le système de soins en France. En attendant, les IDEL(s), comme bien d’autres professionnels libéraux de santé, doivent composer avec des dispositions contestées. Ainsi, à Marseille, le 2 juin dernier, les infirmières libérales se sont regroupées dans les rues de la cité phocéenne pour dénoncer le nouveau mode de calcul, utilisé par l’Assurance Maladie depuis le 1er janvier dernier : le Bilan de Soin Infirmier (BSI).

La contestation grondait déjà partout en France avec la crise du Covid-19, mais à peine l’épidémie jugulée, les infirmiers libéraux entendent bien rappeler leurs doléances en dénonçant un système de facturation jugé injuste. On a entendu de nombreux slogans au cours de cette mobilisation des infirmières libérales, et un message revenait régulièrement :

« On ne veut pas rester sur la touche. On veut que notre statut soit réexaminé. »

D’autres signes confirment ce retour à la normale, et ceux-là sont peut-être encore plus démoralisant pour une profession, qui ne s’est pas posée de questions quand il a fallu se mobiliser de façon exceptionnelle.

La procédure en réclamation d’indus à nouveau menaçante pour les infirmières libérales

 

Alors que l’ensemble des soignants en ville comme à l’hôpital a appris à collaborer pour surmonter la crise sanitaire du coronavirus, les infirmières libérales n’ont pu que constater que l’Assurance Maladie, aussi, s’était remise en ordre de marche.

Ainsi en ce début du mois de juin, une infirmière libérale du Grand Est a été convoqué à la Gendarmerie Nationale, où elle a été   placée en garde à vue. La Caisse régionale lui reproche en effet des erreurs de cotation, et nous insistons bien sur le terme d’erreurs, qui a ici toute son importance. Bien qu’il ne nous appartienne pas de juger une affaire particulière, le procédé peut apparaitre brutal et inadapté.

Inadapté, car la région Grand Est, durement frappée par l’épidémie, sait l’engagement et la mobilisation de tous les infirmiers libéraux de la Région. Inadapté aussi en raison des montants concernés, puisque sur une période de deux ans, la Caisse aurait identifié 43.000 € d’erreurs.

Brutal, car l’infirmière libérale a été placée en garde à vue ce lundi 8 juin 2020, alors qu’il aurait été possible de l’interroger de, manière moins agressive.

Sans contester la nécessité et l’utilité de ces procédures, de nombreuses infirmières libérales ont affiché leur indignation voire leur colère.

Faire comme si rien ne s’était passé, une situation intolérable pour les infirmières libérales

 

C’est cette incompréhension, voire, dans certains cas, cet écœurement qu’a exprimé le syndicat Convergence Infirmière dans un communiqué de presse :

« L’administration est beaucoup plus efficace pour nous harceler que pour nous fournir des masques »

Dans ce même document, le syndicat affirme que les indus identifiés par la caisse ne résultent que de « problématiques administratives » et que les « soins ont été prodigués ». C’est surtout l’empressement à reprendre ces procédures le plus rapidement possible qui choque la profession. Cet fait divers est d’autant plus « condamnable », que la CPAM, elle-même, aurait reconnu, après une réunion de conciliation, la bonne foi de l’infirmière libérale incriminée. Le message a beaucoup de mal à passer à un moment, où les autorités publiques affirment vouloir « écouter les soignants » et leur « apporter des réponses pratiques au quotidien ». Le syndicat a d’ores et déjà appelé le Ministre de la Santé à réagir et à imposer « bon sens et mesure » pour toutes ces procédures de contrôle. Au-delà de la procédure individuelle, le message envoyé à la profession est difficilement compréhensible.

 

Et vous, comprenez-vous que les procédures en réclamation d’indus reprennent sans délai ? Que vous inspire cette histoire individuelle pour la profession ?