Depuis le 21 janvier dernier, les infirmières libérales multiplient les visites à domicile des patients atteints du Covid-19. Tout est fait pour inciter les IDEL(s) à accompagner ces patients, alors que dans le même temps, certaines municipalités font tout pour rendre les tournées de patientèle encore plus difficile à organiser.

 

Les infirmières libérales reconnues comme les premiers soignants en lien avec les patients

La mesure avait fait couler beaucoup d’encre, et pourtant, elle a été officialisée depuis le 21 janvier dernier. La Visite Infirmière d’Accompagnement à l’Isolement (VIAI) est donc une réalité pour les infirmières et infirmiers libéraux de France. Ce sont les autorités sanitaires, qui sont à l’origine de cette création, après avoir tiré les enseignements du tracing, mis en place au cours de la crise sanitaire. Les difficultés de faire respecter les directives du Ministère de la Santé avaient ainsi mis en évidence, depuis l’automne dernier, que de nombreux patients testés positifs à la Covid-19 ne respectaient pas correctement leur isolement. Il fallait pouvoir les aider et les inciter à être plus efficient notamment pour contrôler la propagation de l’épidémie.

Et lorsque les autorités sanitaires se sont interrogées sur la meilleure façon de parvenir à cet objectif, elles ont compris que les infirmières libérales représentaient les premiers soignants en lien direct avec les patients à leur domicile. Une forme de reconnaissance pour la profession, que souligne le directeur général de l’Assurance maladie, Thiery Fatôme : « Et comme les infirmiers libéraux sont présents sur tout le territoire, qu’ils se rendent habituellement au domicile des patients, ils étaient clairement les professionnels à mobiliser. »

 

Plus de 15.000 VIAI pour les infirmières et infirmiers libéraux

 

L’Assurance Maladie s’est donc tournée vers les IDEL(s) afin de les former à cette visite liée à l’isolement Covid, et en une quinzaine de jours, ce sont plus de 15.000 visites, qui ont été effectuées par les infirmières libérales partout en France. Le dispositif est donc un réel succès pour l’Assurance maladie, dont le directeur se félicite en soulignant l’importance des infirmières et infirmiers libéraux. M Fatôme insiste également sur le retour de ces IDEL(s), retour plus que positif : « (…) c’est à leurs yeux une mission importante pour les patients, et je crois une reconnaissance de leur profession. »

La profession, qui revendique souvent pour une meilleure reconnaissance de son rôle et de sa place dans le système de santé, ne peut que se féliciter de cette mise en valeur tant par les autorités publiques que par les patients eux-mêmes. Et le dispositif, à en croire l’assurance maladie, est appelé à prendre de l’ampleur dans les semaines et les mois à venir. Si les infirmières libérales peuvent s’en réjouir, elles peuvent aussi le redouter, notamment dans certaines régions où elles se sentent harcelées lors de leurs déplacements.

Des déplacements devenus difficiles pour les IDEL(s)

 

En effet, depuis plusieurs années, certaines infirmières libérales dénoncent les campagnes de répression de certaines municipalités. Pour elles, des directives sont données aux forces de l’ordre pour verbaliser tout défaut de stationnement, et ce sans aucune prise en compte de la spécificité de leurs missions. C’est notamment le cas en Normandie, et plus précisément dans la commune d’Elbeuf. Le Journal d’Elbeuf revient sur cette politique municipale, basée sur une répression sans discernement à en croire les infirmières et infirmiers libéraux. C’est ainsi qu’une infirmière libérale a eu la désagréable surprise de voir la police municipale autour de son véhicule alors qu’elle était mal stationnée. Non seulement, elle a été verbalisée, mais elle a vu la police municipale ordonner la mise en fourrière de son véhicule, la privant de tout moyen de locomotion.

Une autre IDEL, déjà verbalisée, fait le même constat : « Il n’y a aucun dialogue… On fait des journées de 6 h à 21 h 30, et tu te dis que tu vas travailler les prochains jours pour rembourser un PV ». Certaines infirmières libérales soulignent déjà cette opposition entre la nécessaire volonté de faire participer les infirmières libérales à l’effort d’isolement demandé aux patients et cette incompréhensible verbalisation, qui les empêche de travailler en toute sérénité. La question du stationnement pourrait donc bien occuper les débats dans plusieurs villes de France dans les prochaines semaines.

 

Et vous, avez-vous déjà effectué une visite à domicile pour l’isolement des patients ? Comment ressentez-vous la pression de votre police municipale à votre égard ?